Archive de la rubrique "Anecdotes"

Correspondance Chritolette

dimanche 30 mai 2010

Le Dauphiné, dimanche 11 septembre 1864 A.D.I PER 969/1

CORRESPONDANCE
St. Christophe en Oisans, le 6 septembre 1864

Monsieur le rédacteur,

Un voyageur anglais qui a visité dernièrement l’Oisans, et qui est venu à St. Christophe, a fait insérer dans un journal de Provence un singulier récit de ses surprises et de ses émotions dans ce pays.
Et comme, dans tout ce qu’il débite de la laideur, de l’horreur, de l’aspect hideux, du dénuement absolu de ce pays, il n’a pu avoir en vue que St. Christophe, mon lieu natal, j’ai pris la plume pour essayer de lui répondre.
Je ne lui dirai pas cependant de bien gros mots, à ce brave homme, ses exagérations ridicules portent déjà avec elles leur peine. Il est aimable et bon, à ce que dit le journaliste, et il parait que dans ses impressions il a été victime d’une sensiblerie outrée. C’est pour la première fois, indubitablement, qu’il voit les Alpes, comment lui faire un crime des naïves terreurs qu’elles lui ont inspirées ? Et s’il tient à porter dans son pays quelques contes inédits sur la France, comment l’en empêcher ?
Il était utile cependant de relever aux yeux du public cette excentricité britannique d’un nouveau genre.
L’Anglais est venu d’Allevard au Bourg d’Oisans, par les Sept-Laux et la Cheminée du Diable. Il a vu par là rochers sur rochers, précipices à côté de précipices : ses yeux en ont été fascinés. Dès lors, il n’a plus vu que cela partout. Comme cet autre Anglais qui en débarquant en France pour la première fois, et voyant dans une auberge de Boulogne une servante aux cheveux roux, s’empressa d’écrire qu’en France toutes les servantes d’auberge avaient les cheveux roux.
Si sa vue n’avait été troublée, il aurait pu, en passant à Oz et Allemont, remarquer le magnifique bassin occupé par ces deux communes. Il y avait pourtant bien là de quoi lui faire oublier la Cheminée du Diable. Cette splendide entrée de l’Oisans de ce côté devait le prévenir un peu en faveur du reste.
Nullement ! la plaine si riche et si fertile du Bourg d’Oisans n’obtient pas plus ses faveurs, parce qu’il voit çà et là, à côté des forêts et des terrains cultivés, de grands rochers nus au-dessus desquels il y a des villages. Il a peur pour ces villages ; il lui semble qu’ils vont tomber dans le précipice, et alors il s’écrie : Pauvres âmes, pauvres Français ! Et il les a comptés, ces villages ; il y en a 22 pour tout l’Oisans !… Ce qui fait un peu moins de 140 villages ou hameaux dont se composent les 20 communes du canton. N’importe.
Le Bourg d’Oisans lui-même ne peut le satisfaire, malgré l’importance qu’il accorde à ce village des rocs élevés et abrupts qui l’encadrent. Ce voyageur cherchait probablement dans les Alpes autre chose que les Alpes elles-mêmes.
Il marche vers St. Christophe, et c’est à cette partie de l’Oisans qu’il réserve toutes ses aménités de touriste mécontent.Que se pays ne plaise pas à l’Anglais, c’est fâcheux. Je ne lui ferai pas de procès pour cela. A chacun son goût. C’est comme si, moi j’aimais l’Angleterre. Mais qu’il semble le bafouer, et que pour cela il invente, c’est autre chose.
Cependant je suis mieux disposé pour lui lorsque je le vois s’apitoyer sur ce pays et sur les hommes qui l’habitent. A la vue de ses grandes montagnes, de ces rochers nus et élevés, de ses villages perchés, de sites enfin dont il n’avait pas d’idée, la tête lui a tournée. Il ne pouvait s’imaginer que des hommes, comme lui, fussent venus fixer là leur demeure. Nécessairement ils devaient être d’une nature tout autre que la sienne. Quoique en France, c’étaient des Lapons ou des Esquimaux, des sauvages, grelottant de froid au mois de juillet, alors que le reste du monde étouffait sous une chaleur tropicale. Il pousse des exclamations sur leur position, sur leur misère, et peu s’en faut qu’il ne demande à la pitié publique que l’on tire les habitants de l’Oisans de leur hideux pays pour les coloniser ailleurs.

Description du Marquis de Pezay

mardi 18 mai 2010

Description des vallées des grandes Alpes (1794) ADI BIB_8°1888

Marquis de Pezay, Maréchal général des logis de l’Etat-Major de l’armée
(certains lui reproche de n’avoir rien vu des montagnes qu’il a décrit)

(Extrait )

Le col de la grande Sagne ou de l’Allée Froide prenant au bas de celui de l’Echauda, près la Pisse mauvais même à pied à cause des glaciers, ce col conduit au Bourg d’Oisans. On passe par les cols de Beauvoisin, du Loup et la vallée de St. Christophe

Vallée de St Christophe en Dauphiné

Cette vallée a environ trois lieues de longueur, depuis la montagne de Muande et les glaciers de Mitan de Bellone, jusqu’au hameau de Venos, sur le Veneon.
La rivière qui l’arrose en partie, descendant à l’ouest de la montagne de la Muande, coule le long du vallon du même nom, se jette dans le Veneon, au-dessus du petit hameau de Chauffran ; de là, la Veneon coule le long de la vallée et va se jeter dans la rivière de Romanche, à une demi-lieue du Bourg d’Oïsans.
La source de la Veneon descend de l’est de la montagne de la Muande, remonte au nord, au pied de la montagne du grand Pelvoux, passant par les vallons de Conte-Faviel, des Encons et la combe de Berard, au bas du hameau de Chauffran.

Cette rivière reçoit quelques ruisseaux assez considérables.

  • 1° Le ruisseau descendant du pied de la montagne d’Oursine, et coulant le long du vallon de la Pirade.
    2° Le ruisseau descendant du pied de la montagne de l’Aiguille du midi, par le vallon de Châtelar, et tombant dans la Veneon, au-dessous du hameau de la Berarde.
    3° Le ruisseau descendant de la pointe haute du Grand Glacier, coulant le long du vallon de Selle, et allant tomber dans la Veneon, au-dessous du village de Saint-Christophe.
    4° A la rive droite de la Veneon se trouve le ruisseau descendant de l’ouest de la montagne de Dourrounoure. Il suit le vallon de l’Enchatra, près du hameau de même nom à une demi-lieue au-dessous de Saint-Christophe, et tombe dans la Veneon.
    5° Le ruisseau descendant des revers des montagnes de la Tête-blanche et de Journalet, par le vallon de Louvitel, au-dessous du hameau d’Anchère, allant tomber dans la Veneon près du pont Escofier.

Les cols qui l’entourent sont:

  • 1° Le col de Sais, allant à Saint-Christophe, descendant du mont-Massivier, par la droite du vallon de Conte-Faviel, aux hameaux de la Berarde et des Etages, et au Bourg d’Oïsans, en suivant la rive droite de la Veneon.
    2° Le col de la Muande, allant à Saint-Christophe par le vallon de la Muande et au Bourg d’Oïsans ; et, par le revers méridional, au village de Riou du Sap, sur la rivière de Severaisse, qui descend au val de Godemar.
    De ce col à Saint-Christophe, deux lieues et demie.
    De ce col au Bourg d’Oïsans, cinq lieues et demie.
    3° Le col de la Muzelle, allant à Saint-Christophe par le vallon du même nom, jusqu’au hameau de Bourg-deru, sur la rive droite de la Veneon, et de là à Saint-Christophe en remontant la rivière.
    De ce col à Saint-Christophe, deux lieues un quart.
    De ce col au Bourg d’Oïsans, cinq lieues et demie.
    Du col de la Muzelle au village du val Senêtre, sur la Severaise, au val Godemar, cinq quarts de lieue.
    La vallée de Saint-Christophe, à l’est, au midi et à l’ouest, est entourée de glaciers.
    le maréchal Pezay au centre en uniforme de dragon