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Général Bataille

mercredi 12 janvier 2011

Une inflexible loyauté :

 

C’est le 29 juillet 1894 que le Conseil Municipal de Bourg d’Oisans, sous la présidence de son maire, Monsieur Guinard, décidait de dénommer   »Rue Général Bataille » la rue Saint-Antoine, de la ‘‘cime de la rue ’’ à la place.
Un siècle plus tard, la mémoire collective a totalement oublié le plus illustre des Bourcats au point qu’un édile local envisagera de le supprimer définitivement de notre souvenir en débaptisant la rue.
Henri Jules Bataille est né à Bourg d’Oisans le 11 septembre 1816 dans la maison contiguë à celle du Parc des Ecrins, qui fait l’angle de la place Saint-Antoine et de la rue Jean-Baptiste Gauthier. Il était le fils de Jean-Pierre Bataille, Capitaine de cavalerie, et de Sophie Antoinette Garnier, originaire d’Allemont, et le petit-fils de Jean Bataille, maître-chirurgien et juré d’Oisans.
En 1826, orphelin d’un officier de l’Empire, Chevalier de la Légion d’honneur, il fut admis au Prytanée de la Flèche puis reçu à Saint-Cyr le 16 novembre 1834.
Sous-lieutenant au 22e régiment d’infanterie de ligne, il fut envoyé en Algérie au début de 1839. Il devait y rester vingt ans et prendre part à toutes les expéditions de pacification contre les Arabes à la tête d’unités de la légion étrangère ou des tirailleurs indigènes.
Il fut blessé d’une balle à l’épaule gauche au siège de Zaatcha le 16 juillet 1849 et sauva un convoi dans les gorges d’El-Kantara. Le Général de Saint-Arnaud, qui l’avait apprécié lors de l’expédition de Djidjelli l’appela à Paris en 1851 comme Lieutenant-colonel du 56e régiment de ligne ; mais trois ans plus tard, il fut renvoyé en Algérie et placé comme Colonel à la tête du 45e Régiment avec lequel il fit à nouveau campagne contre les Kabyles.
Général de brigade le 12 juin 1856 à l’âge de 40 ans, il fut désigné pour un commandement à Lyon.
Lors de la campagne d’Italie (participation à l’unité italienne contre l’Autriche), il se distinguera à Porte-Vecchio pendant la bataille de Magenta.
Remarqué par l’Empereur pour sa bravoure à la bataille de Solférino, Napoléon III lui confiera le commandement de la Brigade des Voltigeurs de la garde impériale.

Général Bataille

Le canton de Bourg d’Oisans fier d’avoir fourni à la nation un chef militaire aussi prestigieux et placé à un poste aussi influent, lui témoigna son estime en le désignant à l’unanimité Conseiller, général du canton, sans que l’intéressé eût à solliciter un suffrage électoral, qu’il ne désirait pas. Peu disposé pour les passe-droits, les intrigues, la politique, notre Général donnera deux ans plus tard sa démission.
En 1867 / 1868, promu Général de division, il opéra dans les états romains envahis afin de protéger Rome et le Vatican des troupes de Garibaldi. C’est à cette occasion qu’il inaugurera le nouveau fusil ‘‘Chassepot’’ dont sa division était armée pour la première fois.
A la déclaration de guerre à la Prusse en 1870, il combattit à la tête de la 2e Division du 2e Corps à Sarrebrück, à Forbach et eut les honneur d’une mention dans le rapport de l’Etat-major allemand. Il fit encore preuve de courage à la bataille de Rezonville, le 16 août où il fut grièvement blessé après avoir eu deux chevaux tués sous lui.
C’est sur un lit d’hôpital à Metz que les Allemands le feront prisonnier après le désastre de la reddition de Napoléon III à Sedan. Le courage de notre Général fut à la hauteur de nos revers.

Sa convalescence le tint écarté de l’insurrection de la Commune et de la remise en ordre qui s’en suivit. A peine rétabli, Thiers alors à la tête de la toute nouvelle IIe république, lui confiera le commandement du 2e Corps de l’armée de Versailles. Il fallait réorganiser et redonner le moral à une armée meurtrie et réconcilier celle-ci avec la Nation. Il fera partie du comité de défense et terminera sa carrière au commandement du 5e Corps à Orléans, ville où il devint l’ami de l’Evêque Dupanloup, célébrité religieuse mais surtout politique.
Marié tardivement le 28 mai 1874 à une jeune veuve Marie Désirée Françoise Rabou, cantatrice, fille d’un procureur général et qui fut son infirmière dévouée à l’hôpital de Metz, il n’eut pas d’enfants.


Le Général Bataille mourut à Paris le 8 janvier 1882. Il était :

Grand croix de la Légion d’honneur
Commandeur de l’Ordre des Saints Maurice et Lazare de Sardaigne
Grand croix de l’Ordre de l’Epée de Suéde
Décoré de 1ere classe de l’Ordre du Lion et du Soleil de Perse
Décoré de la médaille d’Italie et de sa Sainteté Le Pape.

Il comptait 41 ans de service actif, 23 campagnes, deux blessures et plusieurs citations.
Henri Jules Bataille, au cours de sa longue carrière militaire, n’aura servi que son pays et n’aura flatté aucun pouvoir politique, monarchique, impérial ou républicain. Son avancement ne sera dû qu’à ses valeurs personnelles.

L’Oisans peut être fier de compter dans ses rangs une des plus honorables personnifications de la bravoure, de la droiture et de l’honorabilité du soldat français.

André Glaudas

L’Ermite d’Huez

samedi 16 octobre 2010

Georges de Layens, le Maître de l’Apiculture Française.

Georges de Layens

Georges de Layens, lauréat de l’Académie des Sciences 1834 – 1897
C’est en effet, à Huez, dans l’Oisans qui était devenu son pays de prédilection, qu’il a établi, en 1869, les premières ruches qui portent son nom, au début du mois d’avril de 1869 il se rendit au Bourg d’Oisans, partit dès le premier matin pour Huez et qui est situé 1 500 mètres d’altitude.

Extrait d’une lettre de Georges de Layens.
«J’ai passé toute ma journée à aller d’un chalet à un autre, et partout parfaite réception (ce qu’on me disait de l’hospitalité proverbiale des habitants de l’Isère est tout à fait exacte). J’ai été jusqu’au chalet le plus élevé, à plus de 2 000 mètres d’altitude, et j’y ai goûté du beurre frais remarquablement bon avec un fin goût de plantes alpestres. J’ai bien envie d’établir mon premier rucher dans l’un de ces chalets.»

C’est en effet ce qu’il décida aussitôt. De tous les chalets d’Huez, il n’en trouva qu’un à louer. Ce chalet se trouvait à 1 750 mètres d’altitude, sur le chemin qui va d’Huez au plateau de Brandes. Construit en pierres grossières, revêtu d’un immense toit couvert de grosses plaques d’ardoise, ouvert à tous les vents, ne pouvant être chauffé qu’avec de la tourbe qui remplit tout l’intérieur d’une épaisse fumée, c’est le vieux chalet dauphinois dans toute sa simplicité. En jetant un regard à l’intérieur du chalet,autour de quelques semblants de meubles se trouvaient partout des caisses. Du côté de l’entrée, c’était le matériel d’apiculture et l’atelier : ruches à cadres en construction, nourrisseurs, rayons amorcés avec de vieilles bâtisses de cire, etc. A gauche, se trouvaient les appareils de photographies, et à cette époque, où le procédé du gélatino était encore inconnu, le matériel occupait une place assez grande. A droite, une caisse servait de table de travail. On y voyait un microscope, une loupe montée et, au-dessus, sur une planche, une petite bibliothèque de livres de botanique. En face, du côté de la soi-disant cheminée, sorte de trou carré percé dans le toit, se trouvait une provision de tourbe.

C’est dans ce capharnaüm que Georges de Layens construisit les premières ruches à cadres du système qui porte maintenant son nom, qu’il imagina divers instruments d’apiculture tels que le nourrisseur Layens et l’enfumoir automatique. C’est auprès de ce chalet qu’il entreprit des expériences préliminaires sur le nourrissement des colonies d’abeilles au printemps et sur l’hivernage des ruches.
Mais cette organisation sommaire ne devait pas subsister longtemps, et pendant l’hiver le chalet ne pouvait être occupé.Georges de Layens finit par loger à Huez même, où il trouva une petite maison avec un jardin ; puis il acheta un terrain un peu plus loin sur le revers de la montagne, au-dessus de la gorge profonde où se précipite le torrent de Sarenne, en face des beaux sapins de la forêt de l’Homme. Là, il fit construire un petit laboratoire en planches, établit de plus nombreuses ruches, expérimenta par lui-même toutes les méthodes les plus compliquées de la culture des abeilles,

M. de Layens avait beaucoup de peine à se procurer des colonies d’abeilles, car en Dauphiné on ne vend pas des ruches : «cela porte malheur».

L’âge d’or d’Huez devait se terminer en 1875, et c’est dans une toute autre partie du Dauphiné, à Luzinay, près de Vienne, ensuite à Louye département de l’Eure, que Georges de Layens reprit en grand ses expériences et qui devaient établir la grande réputation du Maître de l’apiculture.

Cependant Huez ne fut jamais oublié. C’était le berceau de ses études aussi bien pour la botanique que pour la science apicole, et en 1883 il y retourna en pélerinage, retrouvant avec émotion le vieux village où rien n’était changé, la combe mugissante de Sarenne, la silhouette des chalets de l’Alpe, parmi lesquels se détachait celui qui avait été sa première habitation, et, de l’autre côté de la vallée, cette vue plus immuable encore des forêts de sapin et des glaciers.


ruche de Layens

Source Dauphiné Jeudi 30 Juin 1898 n°2012 Gaston Bonnier ADI PER969/13